La reconstitution du passé de Neuvilly en Argonne n’est pas chose facile en raison de la destruction des archives communales au cours de la guerre 1914-1918. À la fin du XIXème siècle, on retrouva des poteries sigillées datant des Ier et IIème siècles après Jésus-Christ.
La première mention faite de Neuvilly en Argonne, remonte à l’époque mérovingienne, c’est-à-dire au Vème siècle.
En effet, le massif forestier de l’Argonne était le lieu de chasse de Clovis, Roi de France. Sur ses instructions, il fit construire une villa Royale, destinée à recueillir le prince et ses leudes (les Seigneurs). Cette villa était peuplée de familles pauvres qui étaient les traqueurs des chasses royales. La première villa de ce type, construite en Argonne fut appelée NOVA-VILLA, plus tard, elle prit le nom de NEUVILIERS puis de NEUVILLY et aujourd’hui de NEUVILLY EN ARGONNE. Neuvilly (Nivillei) est mentionné dans un cartulaire de la cathédrale de Verdun en 1049 sous le nom de NUVILLENIACUM.
A l’époque carolingienne, notre pays fut ravagé par les Normands et les Hongrois, à tel point qu’il n’y resta que des ruines.
En 1182, la loi de Beaumont (du nom d’une bourgade ardennaise à 9km de Stenay) permet aux communes sous forme de règles strictes appelées chartes de franchises d’obtenir une certaine autonomie moyennant finance au pouvoir seigneurial. Mais c’est essentiellement un moyen de garder les habitants et en attirer de nouveaux en octroyant des droits particuliers et des privilèges. Ainsi une quarantaine de bourgs et de villages de l’Argonne vont au XIIIe siècle s’affranchir avec une charte qui peut être différente d’une commune à une autre.
C’est en 1246, sous le règne de Louis IX (Saint Louis) que Neuvilly sera affranchi par Thiébaut II (compte de Bar) et Jean d’Aix (princier du chapitre du Verdun). Particularités de la charte qui régit Neuvilly :
-deux Seigneurs vont se partager les revenus des habitants (appelés bourgeois) ; le Comte de Bar et le premier dignitaire de Verdun.
-la chasse au bois est réservée au Seigneur, la chasse en plaine aux bourgeois
-de même la pêche est réglementée (zone réservée au Seigneur)
L’élection du « maire » se fait sur la place du village à l’issue de la messe de la Pentecôte : 3 personnes seront élues, qui vont élire 5 autres personnes. Ces 8 personnes élisent le « maire ». L’année 1246 sera donc pour Neuvilly l’amorce d’une véritable démocratie jusqu’à la révolution de 1789.
Le XVIIIème siècle.
Le 21 juin 1791 à 21 heures 45, Neuvilly voit passer la célèbre Berline emmenant vers Montmédy le Roi Louis XVI et sa famille et à 22 heures 10, les cavaliers Drouet et Guillaume lancés à leur poursuite. Le lendemain, 22 juin à 10 heures, Neuvilly voyait de nouveau la Berline Royale repartir vers Paris, entourée des gardes nationaux. C’est à la fin de ce siècle que l’on commence à représenter Neuvilly (sur les cartes Cassini). Pour regarder la carte, cliquez ici.
Le XIXème siècle.
Quelques rues ont changé de nom depuis le plan cadastral de 1846 et les deux guerres mondiales…
Raymond Poincaré et André Maginot ont donné leurs noms à deux des rues du village. Avant la guerre, celles-ci se nommaient grande rue et rue de Clermont (ou rue du Pont). Quant à la Guadeloupe, elle n’était pas encore notre Marraine de guerre. L’axe principal de Neuvilly se nommait alors route de Varennes ou rue Drouin. La place du four et la rue Saint-Sulpice ont aussi été renommées : place André-Maginot et, comme précédemment, rue devant l’église. La rue des Juifs est l’ancien nom de la rue de Vauquois. La rue du Puits est l’ancien nom de la rue des Jardins (on trouvait 8 puits dans la commune à l’époque). Enfin, le chemin de la Croix de Mission n’existe plus: il ralliait l’actuelle statue de la Vierge à l’actuel calvaire en direction Boureuilles. La rue Soeur Gabrielle n’était nommée que « ruelle ».
Plus d’informations sur soeur Gabrielle en cliquant ici.
Plus d’informations sur André Maginot en cliquant ici.
Plus d’informations sur Raymond Poincaré en cliquant ici.
Le plan n’a plus exactement la même configuration qu’autrefois. Désormais on va de Boureuilles à Aubréville en n’empruntant qu’un seul axe: l’avenue de la Guadeloupe. Auparavant, seule la rue de Bélair permettant d’accéder à Aubréville. La partie sud de l’avenue de la Guadeloupe n’existait pas. La rue Poincaré n’était coupée que par la rue du moulin (emplacement actuel de l’avenue de la Guadeloupe).
LIEN VERS TOUS LES FEUILLETS DE L’ANCIEN CADASTRE
Le XXème siècle.
Les guerres n’ont pas épargné le village, celui-ci en a terriblement souffert. Au cours de la Grande guerre, ses habitants durent le quitter dès fin août 1914.
Du 8 au 10 septembre 1914, l’armée française est en pleine offensive, bataille de la Marne ; et l’armée Allemande se replie au nord d’une ligne Varennes en Argonne-Consenvoye.
Mais nos troupes ne vont pouvoir contenir les contre-attaques allemandes, à partir du 26 septembre 1914, le front va se stabiliser sur une ligne Boureuilles-Vauquois-Avocourt-Malancourt pour plusieurs années…

Neuvilly se trouve ainsi à trois kilomètres du front. Le 30 septembre 1914, à 15 heures, les premiers obus tombent sur le village. 79 maisons de la partie sud-ouest sont détruites en une heure.
Ce bombardement par obus incendiaires provenait des côtes de Montblainville, sinistre opération absolument inutile aux Allemands puisque tous les habitants avaient préalablement évacué le village.
Le reste de la commune fut détruit petit à petit au cours de la guerre. La mairie et l’école notamment, étaient complétement rasées. L’église n’a pas été épargnée et elle est sortie cruellement mutilée de ce conflit.
Au total sur 188 maisons qui existaient en 1914, seules 2 ainsi que l’église purent être restaurées. Le Maire de la commune conçut rapidement le programme de reconstruction du village : c’est seulement 100 maisons que l’on reconstruirait. Malgré les efforts du Maire, M Ernest JACQUEMIN, ce ne fut qu’à la fin de 1920 que les travaux commencèrent.
Le 15 mars 1921, la commune reçoit la croix de guerre pour citation à l’ordre de l’armée (Journal Officiel du 18 mars 1921).
En mai 1921, par délibération du Conseil Municipal et sur proposition du ministre de l’intérieur, NEUVILLY s’appellera désormais NEUVILLY EN ARGONNE.
La deuxième guerre mondiale contraignit la population à un deuxième exode.
En 1989, on célébra le bicentenaire de la Révolution Française en plantant l’arbre de la liberté, tilleul situé derrière le calvaire à l’entrée du village (en provenance de Boureuilles).
ÉVOLUTION DE LA POPULATION
En 1630, Neuvilly comptait 80 feux (foyers ou familles), 50 vers 1657, 101 vers 1664 et 156 en 1766. Pendant la Révolution, la population comptait 696 habitants puis la population oscilla entre 687 et 763 habitants. En 1851, Neuvilly comptait 780 habitants et connaissait de nombreuses activités aujourd’hui disparues : moulin à phosphates, fabrique de biscuits, tuilerie. Depuis cette date, la population n’a pas cessé de décliner : 505 en 1911 ; 337 en 1921 (méfaits de guerre) ; 270 en 1946 ; 200 en 1990. Ce n’est qu’à partir des années 2000 que la courbe s’inverse légèrement, 205 habitants en 2007, 218 en 2016 et 225 au dernier recensement (2023).